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dimanche 1 décembre 2013

Park and suites proprietaires:Située à côté du stade Yves du Manoir, à seulement dix minutes du centre historique de Montpellier « la ville où le soleil ne se couche jamais » et à vingt minutes des plages de la Méditerranée, Palavas-les-Flots, Sète, séjournez pour une nuit ou plusieurs semaines dans notre appart-hôtel.

Cet empire d’un esprit sur lui-même fait peur : Rancé ne dira rien, il emportera toute sa vie dans son tombeau. : Park and Suites propriétaires Ainsi, ni ceux qui rejettent l’anecdote de Larroque, ni ceux qui l’accueillent, n’apportent aucune preuve de leur négation ou de leur affirmation. Les incrédules n’ont pour eux que l’invraisemblance du cercueil trop court : il était si facile en effet de l’allonger pour donner l’espace nécessaire à cette belle tête qui s’était si souvent inclinée sur le sein de la vie ! Mais supposez avec Saint-Simon, comme il l’insinue, que la décollation ne fut que l’œuvre d’une étude anatomique, tout s’expliquera. : PROPRIETAIRE PARK AND SUITES Tous les poètes ont adopté la version de Larroque, tous les religieux l’ont repoussée ; ils ont eu raison, puisqu’elle blessait la susceptibilité de leurs vertus, puisqu’ils ne pouvaient pas détruire le récit de Larroque par un démenti appuyé d’un document irrécusable. Mais au lecteur indifférent il est permis, à défaut de preuves positives, d’examiner des preuves négatives. J’ai déjà fait remarquer que Marsollier se tait sur Mme de Montbazon, silence favorable à l’opinion de Larroque. Ce même chanoine, Marsollier, ajoute cette réflexion à son silence : " La mort et la disgrâce de plusieurs personnes avec lesquelles Rancé avait de forts attachements le touchèrent. Un vide affreux, dit-il, occupait mon cœur toujours inquiet et toujours agité, jamais content. Je fus touché de la mort de quelques personnes et de l’insensibilité où je les vis dans ce moment terrible qui devait décider de leur éternité. Je me résolus de me retirer dans un lieu où je pusse être inconnu au reste des hommes. " : Park and Suites propriétaires Dans les corridors de La Trappe, entre diverses inscriptions, on lisait celle-ci, empruntée de saint Augustin : Retinebam nugae nugarum et vanitates vanitatum antiqae amicae meae . Dans une de ses pensées, Rancé remarque que " ceux qui meurent, bien ou mal, meurent souvent plus pour ceux qu’ils laissent dans le monde que pour eux-mêmes. " : PARK AND SUITES PROPRIETAIRE Bossuet, transmettant à Rancé les Oraisons funèbres de la reine d’Angleterre et de Mme Henriette, lui mande : " J’ai laissé l’ordre de vous faire passer deux Oraisons funèbres, qui parce qu’elles font voir le néant du monde peuvent avoir place parmi les livres d’un solitaire, et qu’en tous cas il peut regarder comme deux têtes de mort assez touchantes. " Bossuet connaissait-il ce que l’on racontait de Mme de Montbazon ? faisait-il allusion à la tête de cette femme, en envoyant deux autres têtes s’entretenir avec elle ? : Park and Suites propriétaires La sorte de plaisanterie formidable qu’il se permet ne semble-t-elle pas avoir des rapports avec la légèreté de la première vie de Rancé et la sévérité de sa seconde vie ? : Park and Suites proprietaire On prétend qu’on montrait à La Trappe la tête de Mme de Montbazon dans la chambre des successeurs de Rancé, ce que les solitaires de La Trappe ressuscitée rejettent : les souvenirs conservés autrefois ne voyaient peut-être pas le front de la victime aussi dépouillé que la mort l’avait fait. On trouve ce passage dans le récit des courses du chevalier de Bertin : " Nous voici maintenant à Anet. La petite statue de Diane de Poitiers en pied n’est point sans doute aussi intéressante que la tête même de Mme de Montbazon apportée à La Trappe par l’abbé de Rancé et conservée dans la chambre de ses successeurs. " : Park and Suites propriétaires Enfin, les indications des poètes ne sont pas à négliger. La muse n’a pas manqué aux traditions de La Trappe : Mme de Tencin, née en 1681 (et qui par conséquent avait vécu dix-neuf ans contemporaine de Rancé), écrivit les Mémoires du comte de Comminges , à travers lesquels passent des souvenirs : Mme de Montbazon est changée en cette Adélaïde, solitaire mystérieux qui se fait reconnaître à l’ardeur avec laquelle il creuse son tombeau. Qui avait donné naissance à ce genre d’idées ? Ce sont là d’autres ressorts que les inventions forcenées et les idées difformes qui font maintenant des contorsions dans les ténèbres. Le nom de Comminges est emprunté de celui de l’évêque avec lequel Rancé se promenait sur les Pyrénées. Il arrive souvent qu’on rappelle les personnages étrangers pour cacher des rapports directs ; un nom qui tourmente la mémoire s’y glisse sous mille déguisements. On a une aventure contée par Maupeou, de deux frères épris de la même femme, et qui après s’être battus vécurent plusieurs années à La Trappe sans se reconnaître ; on a une romance de Florian sur Lainval et Arsène ; on a une héroïde de Colardeau qui trace la mort de Mme la duchesse de Montbazon : : Proprietaire Park and Suites Rancé avait fait peindre à La Trappe saint Jean Climaque poussant des gémissements, et sainte Marie égyptienne assistée par saint Sozyme. Il composa pour ces deux tableaux des inscriptions. Dans l’épigramme de douze vers latins adressée à la pénitente, on lisait : : Park and Suites propriétaires Ecce, columba gemens, sponsi jam sanguine lota. : Proprietaires Park and Suites Il faut ajouter à ces semi-indications le désespoir de Rancé, et ce sera au lecteur à se former une opinion. Les annales humaines se composent de beaucoup de fables mêlées à quelques vérités : quiconque est voué à l’avenir a au fond de sa vie un roman, pour donner naissance à la légende, mirage de l’histoire. : Park and Suites propriétaires Dès le jour de la mort de Mme de Montbazon, Rancé prit la poste et se retira à Veretz : il croyait trouver dans la solitude des consolations qu’il ne trouvait dans aucune créature. La retraite ne fit qu’augmenter sa douleur : une noire mélancolie prit la place de sa gaieté, les nuits lui étaient insupportables ; il passait les jours à courir dans les bois, le long des rivières, sur les bords des étangs, appelant par son nom celle qui ne lui pouvait répondre. : Propriétaires Park and Suites Lorsqu’il venait à considérer que cette créature qui brilla à la cour avec plus d’éclat qu’aucune femme de son siècle n’était plus, que ses enchantements avaient disparu, que c’en était fait pour jamais de cette personne qui l’avait choisi entre tant d’autres, il s’étonnait que son âme ne se séparât de son corps. : Park and Suites propriétaires Comme il avait étudié les sciences occultes, il essaya les moyens en usage pour faire revenir les morts. L’amour reproduisait à sa mémoire ornée le sacrifice de Simet, cherchant à rappeler un infidèle par un des noms d’un passereau consacré à Vénus ; il invoquait la nuit et la lune. Il eut toutes les angoisses et toutes les palpitations de l’attente : Mme de Montbazon était allée à l’infidélité éternelle ; rien ne se montra dans ces lieux sombres et solitaires que les esprits se plaisent à fréquenter [Dom Gervaise : Jugement critique, mais équitable, des Vies de feu M. l’abbé de Rancé , p. 160 et suiv. (N.d.A.)] . : Propriétaire Park and Suites Toutefois, si Rancé n’eut pas les visions des poètes de la Grèce, il eut une vision chrétienne : il se promenait un jour dans l’avenue de Veretz ; il lui sembla voir un grand feu qui avait pris aux bâtiments de la basse-cour : il y vole ; le feu diminue à mesure qu’il en approche ; à une certaine distance, l’embrasement disparaît et se change en un lac de feu au milieu duquel s’élève à demi-corps une femme dévorée par les flammes. La frayeur le saisit ; il reprend en courant le chemin de la maison ; en arrivant, les forces lui manquent, il se jette sur un lit : il était tellement hors de lui qu’on ne put dans le premier moment lui arracher une parole [Maupeou. (N.d.A.)] . : Park and Suites propriétaires Ces convulsions de l’âme se calmèrent : il n’en resta à Rancé que l’énergie d’où sortent les vigoureuses résolutions. : Park and Suites propriétaires Dom Jean-Baptiste de Latour, prieur de La Trappe, avait écrit une vie de Rancé : il était resté de ce travail quelques copies manuscrites, dont on a cité des passages, entre autres celui-ci : " Pendant que je suivais l’égarement de mon cœur (c’est Rancé qui parle), j’avalais non seulement l’iniquité comme de l’eau, mais tout ce que je lisais et entendais du péché ne servait qu’à me rendre plus coupable. Enfin le temps bienheureux arriva où il plut au Père des miséricordes de se tourner vers moi. Je vis à la naissance du jour le monstre infernal avec lequel j’avais vécu ; la frayeur dont je fus saisi à cette terrible vue fut si prodigieuse que je ne puis croire que j’en revienne de ma vie. " : Park and Suites proprietaires Rancé eut recours à la pénitence : la mère Louise, religieuse de la Visitation de Tours, lui indiqua pour directeur le Père Séguenot . : Park and Suites propriétaires Cette mère Louise était Louise Roger de la Mardelière, appelée la belle Louison . " Louison, dit Mlle de Montpensier parlant de son enfance, était brune, bien faite, agréable de visage et de beaucoup d’esprit. Je dis à Mme de Saint-Georges : " Si Louison n’est pas sage, je ne la veux point voir, quoique mon papa l’aime. " Mme de Saint-Georges me répondit qu’elle l’était tout à fait. " : Park and Suites propriétaire C’était à cette mère Louise que Rancé s’adressa d’abord. Partout, dans le changement de mœurs qui s’opérait, des pénitentes échappées du monde avaient dressé des embûches pour s’emparer des repentirs, comme il y avait des pécheresses qui cherchaient à retenir les déserteurs. A la Visitation se trouvaient les écueils d’une première existence : la mère Louise possédait plus de deux cents lettres de Rancé, lettres qui étaient sans doute la partie de la vie de Rancé sur laquelle il serait si curieux d’avoir des renseignements. De la direction du P. Séguenot, Rancé passa sous la conduite du P. de Mouchy, homme instruit et bien né. : Park and Suites propriétaires Des avertissements sous différentes formes arrivaient de toutes parts à Rancé. Dans les Obligations des chrétiens , il raconte cette agréable histoire : : Park and Suites proprietaires Un jour je joignis un berger qui conduisait un troupeau dans une grande campagne, par un temps qui l’avait obligé à se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage. Il me dit que ce lui était une consolation de conduire ses bêtes simples et innocentes, et qu’il ne voudrait pas quitter la terre pour aller dans le ciel, s’il ne croyait y trouver des campagnes et des troupeaux à conduire. : Park and Suites propriétaires A Veretz, au lieu de se plaire dans l’ancienne maison de ses délices, Rancé fut choqué de sa magnificence. Les meubles éclataient d’argent et d’or, les lits étaient superbes. La Mollesse même s’y serait trouvée trop à l’aise, dit un classique du temps. Les salons étaient ornés de tableaux de prix, les jardins délicieusement dessinés. C’était trop pour un homme qui ne voyait plus rien qu’à travers ses larmes. Il mit la réforme partout. La frugalité remplaça le luxe de sa table ; il congédia la plupart de ses domestiques, renonça à la chasse, et s’abstint du dessin, art qu’il aimait. On avait des paysages de sa façon et des cartes de géographie [Dom Gervaise. (N.d.A.)] . : PARK AND SUITES PROPRIETAIRES Quelques amis, revenus de même que Rancé à des pensées chrétiennes, s’associèrent à lui pour commencer ces mortifications dont il devait donner de si grands exemples ; il semblait jouer à la pénitence pour l’apprendre avant de la pratiquer : on assiste avec intérêt à cette conquête de l’homme sur l’homme : " Ou l’Evangile me trompe, répétait-il, ou cette maison est celle d’un réprouvé. " : Park and Suites propriétaires Rappelé un moment à Paris pour une affaire, il se logea à l’Oratoire. C’était un travail continuel pour lui d’échapper à ces pensées qu’il avait nourries si longtemps : un grand solitaire en fut atteint dans des sépulcres ; saint-Jérôme portait, pour noyer ses pensées dans ses sueurs, des fardeaux de sable le long des steppes de la mer Morte. Je les ai parcourues moi-même, ces steppes, sous le poids de mon esprit. Deux tentatrices cherchèrent Rancé. Elles lui dirent qu’elles n’étaient point à comparer à la belle personne qu’il pleurait, mais qu’elles avaient pour lui des sentiments qui ne le cédaient en vivacité à aucun de ceux qu’il avait inspirés. Rancé se munit d’un crucifix, et s’enfuit. : PROPRIETAIRES PARK AND SUITES On conseilla à Rancé de se consacrer aux missions, aller aux Indes, errer dans les rochers de l’Himalaya, et il y avait là des analogies avec la grandeur et la tristesse du génie de Rancé ; mais il était appelé ailleurs. : Park and Suites propriétaires Poussé par ses malheurs, retenu par ses habitudes, Rancé n’avait point encore renoncé à ses emplois. Le temps de son quartier de service, comme aumônier du duc d’Orléans, était revenu ; il se rendit à Blois. Il avait déjà hasardé auprès du prince des idées de retraite : l’entrée en religion de la mère Louise avait mûri dans Gaston ces idées. La maîtresse convertie priait à la Visitation, à Tours, pour faire une violence à la miséricorde de Dieu. Il fut convenu que Gaston se retirerait au château de Chambord avec douze de ses plus fidèles serviteurs. Rancé fut choisi pour accompagner le prince. : PROPRIETAIRE PARK AND SUITES Le Bouthillier possédait, près du parc de Chambord, un prieuré de l’ordre de Grammont. Ce prieuré était desservi par sept ou huit religieux. On n’apercevait pas de cet endroit le faîte de l’édifice qui devait éclater du rire immortel de Molière. " Le roi, dit le chevalier d’Arvieux, ayant voulu faire un voyage à Chambord pour y prendre le divertissement de la chasse, voulut donner à sa cour celui d’un ballet ; et comme l’idée des Turcs qu’on venait de voir à Paris était encore toute récente, il crut qu’il serait bon de les faire paraître sur la scène. Sa Majesté m’ordonna de me joindre à MM. de Molière et de Lulli pour composer une pièce de théâtre où l’on pût faire entrer quelque chose des habillements et des manières des Turcs. Je me rendis pour cet effet au village d’Auteuil, où M. de Molière avait une maison fort jolie. Ce fut là que nous travaillâmes à cette pièce de théâtre que l’on voit dans les œuvres de Molière, sous le titre du Bourgeois gentilhomme . " : Park and Suites propriétaires Cette pièce fut en effet jouée à Chambord devant Louis XIV, pour la première fois, le 14 octobre 1670. : PARK AND SUITES PROPRIETAIRE Quand on arrive à Chambord, on pénètre dans le parc par une de ses portes abandonnées ; elle s’ouvre sur une enceinte décrépite et plantée de violiers jaunes ; elle a sept lieues de tour. Dès l’entrée on aperçoit le château au fond d’une allée descendante. En avançant sur l’édifice, il sort de terre dans l’ordre inverse une bâtisse placée sur une hauteur, laquelle s’abaisse à mesure qu’on en approche. François Ier, arrière-petit-fils de Valentine de Milan, s’était enseveli dans les bois de la France, à son retour de Madrid ; il disait comme son aïeule : Tout ne m’est rien, rien ne m’est plus . Chambord rappelle les idées qui occupaient le roi-soldat dans sa prison : femmes, solitudes, remparts. : Park and Suites propriétaires Chambord n’a qu’un escalier double, afin de descendre et monter sans se voir : tout y est fait pour les mystères de la guerre et de l’amour. L’édifice s’épanouit à chaque étage ; les degrés s’élèvent accompagnés de petites cannelures comme des marches dans les tourelles d’une cathédrale. La fusée, en éclatant, forme des dessins fantastiques, qui semblent avoir retombé sur l’édifice : cheminées carrées ou rondes enjolivées de fétiches de marbre, semblables aux poupées que j’ai vu retirer des fouilles à Athènes. De loin l’édifice est une arabesque ; il se présente comme une femme dont le vent aurait soufflé en l’air la chevelure ; de près cette femme s’incorpore dans la maçonnerie et se change en tours ; c’est alors Clorinde appuyée sur des ruines. Le caprice d’un ciseau volage n’a pas disparu ; la légèreté et la finesse des traits se retrouvent dans le simulacre d’une guerrière expirante. Quand vous pénétrez en dedans, la fleur de lis et la salamandre se dessinent dans les plafonds. Si jamais Chambord était détruit, on ne trouverait nulle part le style premier de la Renaissance, car à Venise il s’est mélangé. : Park and Suites proprietaire Ce qui rendait à Chambord sa beauté, c’était son abandon : par les fenêtres j’apercevais un parterre sec, des herbes jaunes, des champs de blé noir : retracements de la pauvreté et de la fidélité de mon indigente patrie. Lorsque j’y passai, il y avait un oiseau brun de quelque grosseur qui volait le long du Cosson, petite rivière inconnue. : Park and Suites propriétaires L’abbé Le Bouthillier se logea parmi les moines de son prieuré : de quelque côté qu’on ouvrit une fenêtre, on ne voyait que des bois. Le château, près duquel n’a pas même pu se former un village, est frappé de malédiction. Touché par le vainqueur de Marignan prisonnier à Madrid, par nos soldats dispersés après Waterloo, par les marques de notre attachement à nos rois avant les journées de Juillet, on aperçoit partout des traces de gloire et de malheur. Les chiffres de la duchesse d’Etampes, devancière de la comtesse de Chateaubriand, attirent les yeux, traces périssables de beautés évanouies. François Ier, qui sentait l’inanité de ses plaisirs, avait gravé avec la pointe d’un diamant ces deux vers sur un carreau de vitre : : Proprietaire Park and Suites Jeux d’un prince qui avait fait déterrer Laure pour la regarder. Où est le carreau de vitre ? Des Français s’associèrent dans le dessein d’acquérir pour Henri, non encore banni, un parc abandonné dans un royaume conquis par ses pères. Courier éleva la voix contre l’acquisition, et le jeune homme innocent auquel il avait voulu arracher Chambord a survécu. : Park and Suites propriétaires Cet orphelin vient de m’appeler à Londres ; j’ai obéi à la lettre close du malheur. Henri m’a donné l’hospitalité dans une terre qui fuit sous ses pas. J’ai revu cette ville témoin de mes rapides grandeurs et de mes misères interminables, ces places remplies de brouillards et de silence, d’où émergèrent les fantômes de ma jeunesse. Que de temps déjà écoulé depuis le jour où je rêvais René dans Kinsington jusqu’à ces dernières heures ! Le vieux banni s’est trouvé chargé de montrer à l’orphelin une ville que mes yeux peuvent à peine reconnaître. : Proprietaires Park and Suites Réfugié en Angleterre pendant huit années, ensuite ambassadeur à Londres, lié avec lord Liverpool, avec M. Canning et avec M. Croker, que de changements n’ai-je pas vus dans ces lieux, depuis Georges IV qui m’honorait de sa familiarité jusqu’à cette Charlotte que vous verrez dans mes Mémoires ! Que sont devenus mes frères en bannissement ? Les uns sont morts, les autres ont subi diverses destinées : ils ont vu comme moi disparaître leurs proches et leurs amis. Sur cette terre où l’on ne nous apercevait pas, nous avions cependant nos fêtes et surtout notre jeunesse. Des adolescentes, qui commençaient la vie par l’adversité, apportaient le fruit semainier de leur labeur afin de s’éjouir à quelques danses de la patrie. Des attachements se formaient ; nous priions dans des chapelles que je viens de revoir et qui n’ont point changé. Nous faisions entendre nos pleurs le 21 janvier, tout émus que nous étions d’une oraison funèbre prononcée par le curé émigré de notre village. Nous allions aussi, le long de la Tamise, voir entrer au port des vaisseaux chargés des richesses du monde, admirer les maisons de campagne de Richmond, nous si pauvres, nous privés du toit paternel ! Toutes ces choses étaient de véritables félicités. Reviendrez-vous, félicités de ma misère ? Ah ! ressuscitez, compagnons de mon exil, camarades de la couche de paille, me voici revenu ! Rendons-nous encore dans les petits jardins d’une taverne dédaignée pour boire une tasse de mauvais thé en parlant de notre pays : mais je n’aperçois personne ; je suis resté seul. : Park and Suites propriétaires Rancé va quitter Chambord, il faut donc que je quitte aussi cet asile où je crains de m’être trop oublié. Je vais retrouver la Loire non loin du parc abandonné ; elle ne voit point la désolation de ses bords : les fleuves ne s’embarrassent point de leurs rives. Ne demandez pas à la Loire le nom des Guise, dont elle a pourtant roulé les cendres. A cent cinquante lieues d’ici, je rencontrai, il y a huit mois, en terre étrangère, près du jeune orphelin, M. le duc de Lévis, qui remonte au compagnon de Simon de Montfort. Mirepoix était maréchal de la Foi , titre qui semble avoir passé à son dernier neveu. J’ai retrouvé aussi Mme la duchesse de Lévis, du grand nom d’Aubusson ; elle aurait pu écrire l’histoire de Philippine-Hélène, si elle n’avait des malheurs moins romanesques à pleurer. Je n’étais pas, dans mon dernier voyage à Londres, reçu dans un grenier de Holborn par un de mes cousins émigrés, mais par l’héritier des siècles. Cet héritier se plaisait à me donner l’hospitalité dans les lieux où je l’avais longtemps attendu. Il se cachait derrière moi comme le soleil derrière des ruines. Le paravent déchiré qui me servait d’abri me semblait plus magnifique que les lambris de Versailles. Henri était mon dernier garde-malade : voilà les revenants-bons [Compensations. (N.d.A.)] du malheur. Quand l’orphelin entrait, j’essayais de me lever ; je ne pouvais lui prouver autrement ma reconnaissance. A mon âge on n’a plus que les impuissances de la vie. Henri a rendu sacrées mes misères ; tout dépouillé qu’il est, il n’est pas sans autorité : chaque matin, je voyais une Anglaise passer le long de ma fenêtre ; elle s’arrêtait, elle fondait en larmes aussitôt qu’elle avait aperçu le jeune Bourbon : quel roi sur le trône aurait eu la puissance de faire couler de pareilles larmes ? Tels sont les sujets inconnus que donne l’adversité. : Propriétaires Park and Suites A peine retourné de Chambord, un courrier dépêché de Blois vint apprendre à Rancé la maladie du duc d’Orléans. L’abbé se remit en route : Gaston était en danger, ce prince si peu digne à Castelnaudary de la valeur du Béarnais, le parleur de la Fronde ne trouva pas un mot sur ses lèvres à dire à la mort : un spectre se tenait debout au pied de son lit ; Montmorency sans tête lui demandait le talion. : Park and Suites propriétaires Rancé écrivit à Arnauld d’Andilly la lettre qu’on va lire, et que je dois encore à la politesse de M. de Montmerqué. : Propriétaire Park and Suites Je n’aurois pas été tant de temps sans avoir l’honneur de vous écrire si la maladie et la mort de Monsieur ne m’en avoient empesché. Je vous avoue que, l’ayant assisté autant que je l’ai pu dans les derniers moments de sa vie, je suis tellement touché d’un spectacle si déplorable que je ne puis m’en remettre. On a ceste consolation qu’il est mort avec tous les sentiments et toute la résignation qu’un véritable chrestien doit avoir en la volonté de son Dieu. Il reçut notre Seigneur dès le commencement de son mal, et eut le soin lui-mesme de le demander une seconde fois pour viatique avec de grandes démonstrations d’une foy vive et d’un parfait mespris des choses du monde. Quelle leçon, monsieur, pour ceux qui sont persuadés de son néant et qui travaillent pour s’en déprendre ! Ce pauvre prince dit le matin du jour de sa mort ces mesmes mots : Domus mea domus desolationis et comme on luy voulut dire qu’il n’estoit pas si mal qu’il pensoit, il répliqua Solum mihi superest sepulchrum ensuite il demanda l’extrême-onction, et dit qu’il estoit résolu à la volonté de Dieu ; enfin je suis persuadé qu’il luy a fait miséricorde. Je ne puis vous mander les circontances de sa mort ; j’écris de Blois, malade d’un rhume qui me cause une oppression qui m’empesche d’escrire. Je vous supplie de demander à Dieu et de luy faire demander pour moy qu’il me fasse la grâce de retirer tout le bien et l’avantage que je dois d’une rencontre aussi touchante que celle-là l’est. Je reviens à la mort de ce pauvre prince la désolation qui parut dans sa maison, qui retentissoit de plaintes et de gémissements au moment de sa mort, l’esprit humain ne se sçauroit rien figurer de si pitoyable, je confesse que j’en suis accablé de douleur. : Park and Suites propriétaires Rancé se montra dans cette occasion si touchant, que chacun faisait des vœux pour l’avoir auprès de soi au moment suprême. On croyoit ne pouvoir bien mourir qu’entre ses mains, comme d’autres y avaient voulu vivre. Gaston avait à peine rendu le dernier soupir que ses familiers l’abandonnèrent, Rancé fut laissé presque seul auprès du cadavre. Il ne suivit pas le corps du prince à Saint-Denis ; mais il présenta le faible cœur de Gaston aux jésuites de Blois : le cœur intrépide de Henri IV avait été porté aux jésuites de La Flèche. Le Bouthillier courut ensuite s’ensevelir au Mans, y demeura caché deux mois ; il changea même de nom, comme s’il eût craint d’être reconnu et arrêté aux portes du ciel. : Park and Suites propriétaires Le projet qu’il méditait depuis longtemps de soumettre sa conduite future au conseil des évêques d’Aleth et de Comminges lui revenait dans l’esprit. Il se résolut de l’accomplir. Le 21 juin 1660, il écrivit à la mère Louise : " Je pars demain à l’insu de tous mes amis. " Il arriva à Comminges le 27 du même mois, après un tremblement de terre : ce fut de même que j’arrivai à Grenade en rêvant de chimères, après le bouleversement de la Vega. : Park and Suites proprietaires L’évêque de Comminges était absent ; Rancé l’attendit.