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dimanche 1 décembre 2013
Park And Suites propriétaires:Dans la proche périphérie lyonnaise et à proximité du Centre de Congrès, notre nouvel appart-hôtel Park&Suites Elégance Lyon Cité Internationale a ouvert ses portes en février 2013. Lieu idéal pour vos déplacements professionnels, vous disposerez de toutes les commodités de transport : en 20 minutes de métro, vous accèderez au centre de Lyon (Bellecour). Lyon vous surprendra par son patrimoine historique, architectural, culturel et gastronomique remarquable, comme l’attestent les nombreux titres décernés à la ville : capitale mondiale de la gastronomie, capitale de la Résistance, capitale de l'imprimerie et capitale de la soie.
Il faisait réparer de tous les côtés l’abbaye ; mais tandis qu’il
donnait des règlements nouveaux, il fut appelé à Paris à l’assemblée
générale des communautés régularisées. Ce jeune homme, naguère si
dépendant de l’opinion du monde, se rendit au lieu de la réunion dans
une charrette comme un mendiant ; affectation dont il ne put
débarrasser sa vie. L’assemblée le nomma pour aller en cour de Rome
plaider la cause de la réforme. Avant son départ, il s’aboucha avec le
cardinal de Retz, qui s’était avancé jusqu’à Commercy. Ensuite Rancé
retourna quelques jours à La Trappe. Il s’occupait comme un humble
frère. Il disait : " Sommes-nous moins pécheurs que les premiers
religieux de Cîteaux ? Avons-nous moins besoin de pénitence ? " On lui
représentait que, plus faibles, on ne pouvait plus pratiquer les mêmes
austérités : " Dites, répondait-il, que nous avons moins de zèle. "
D’un consentement unanime, les religieux se privèrent de l’usage du vin
et de celui du poisson ; ils s’interdirent la viande et les œufs. Il
s’introduisit une manière honnête de parler et d’agir les uns avec les
autres ; ils respectaient en eux l’homme racheté, s’ils méprisaient
l’homme tombé. : PROPRIETAIRE PARK AND SUITES
Dans la distribution du travail, une portion d’un terrain inculte était
échue à Rancé : au premier coup de bêche, il rencontra quelque chose de
dur : c’était d’anciennes pièces d’or d’Angleterre. Il y en avait
soixante, chacune valant sept francs : ce présent de la Providence aide
Rancé à faire son voyage. Ayant convoqué ses moines, il leur fit ses
adieux : " J’ai à peine le temps, leur dit-il, de vous remettre devant
les yeux cette parole de saint Bernard : Mon fils, si vous saviez
quelles sont les obligations d’un moine, vous ne mangeriez pas une
bouchée de pain sans l’arroser de vos larmes . " Puis il ajouta : " Je
prie Dieu d’avoir pitié de vous comme de moi. S’il nous sépare dans le
temps, qu’il nous réunisse dans l’éternité. " : Park and Suites propriétaires
Les religieux se prosternèrent pour demander à Dieu la conservation de leur abbé. : PARK AND SUITES PROPRIETAIRE
Le nouveau Tobie partit pour Ninive : il n’allait pas épouser la fille
de Raguel ; la fille de Raguel n’était plus. Le voyageur qui
accompagnait Rancé n’était pas Raphael, mais l’Esprit de la pénitence ;
cet Esprit ne se mettait pas en route pour réclamer de l’argent, mais
la misère. Lorsqu’on erre à travers les saintes et impérissables
Ecritures, où manquent la mesure et le temps, on n’est frappé que du
bruit de la chute de quelque chose qui tombe de l’éternité. : Park and Suites propriétaires
Le grand expiateur avait retrouvé à Châlons-sur-Saône l’abbé du
Val-Richer, son compagnon désigné de voyage. A Lyon, il baisa la boîte
qui renfermait le cœur de saint François de Sales. Il traversa les
Alpes, et arriva à Turin : il n’y vit point le saint suaire. A Milan,
le tombeau de saint Charles Borromée l’appela : heureux les morts quand
ils sont saints ! ils retrouvent leur matin dans le ciel. Sainte
Catherine à Bologne attira la vénération de Rancé : c’étaient là les
antiquités qu’il cherchait : il faisait consister sa repentance à ne
rien voir ; ses yeux étaient fermés à ces ruines dont l’abbé de La
Mennais nous fait une peinture admirable : : Park and Suites proprietaire
De superbes palais, dit-il, se dégradent d’année en année, montrant
encore, à travers leurs élégantes fenêtres ouvertes à la pluie et à
tous les vents, les vestiges d’un faste que rien ne rappelle dans nos
chétives constructions modernes, d’un luxe grandiose et délicat dont
les arts divers avaient à l’envi réalisé les merveilles. La nature, qui
ne vieillit jamais, s’empare peu à peu de ces somptueuses villas,
œuvres altières de l’homme et fragiles comme lui. Nous avons vu des
colombes nicher sur des corniches d’une salle peinte par Raphael, le
câprier sauvage enfoncer ses racines entre les marbres déjoints, et le
lichen les recouvrir de ses larges plaques vertes et blanches. : Park and Suites propriétaires
De Bologne à Florence, Rancé, sur une route triste dans les Apennins,
fut renversé à terre de son cheval par le vent. A Florence, le pèlerin
ne s’enquit point de Dante et de Michel-Ange : quand, à mon tour, j’ai
cheminé parmi ces débris, j’étais interdit. Rancé reçut les honneurs de
la duchesse de Toscane. On regrette qu’il ne se soit pas arrêté plus
loin au vallon d’égérie : il aurait pu mener des Lemures saluer Néère
et Hostia là où tant de femmes avaient passé. Enfin il entra dans la
ville des saints apôtres. O Rome, te voilà donc encore ! Est-ce ta
dernière apparition ? Malheur à l’âge pour qui la nature à perdu ses
félicités ! Des pays enchantés où rien ne vous attend sont arides :
quelles aimables ombres verrais-je dans les temps à venir ? Fi ! des
nuages qui volent sur une tête blanchie ! : Proprietaire Park and Suites
Rancé était arrivé le 16 novembre 1664, six semaines après l’abbé de
Cîteaux accouru pour combattre l’Etroite Observance. Il fut appelé à
l’audience du pape le 2 de décembre 1664, à Monte-Cavallo. Il lui dit :
Beatissime pater, ad Sanctitatis Vestrae pedes humiliter accedimus
[Maupeou, t. I, p. 58. (N.d.A.)] . Alexandre VII l’accueillit par ces
paroles : Adventus vester non solum gratus est nobis, sed expectavimus
eum . " Votre venue ne nous est pas seulement agréable, mais nous
l’attendions. " Sa Sainteté reçut avec respect des lettres de la reine
mère, de Mademoiselle, du prince de Conti et de Mme de Longueville,
dont les signatures étaient en contraste avec les vertus de Rancé.
Malheureusement alors les rangs comptaient plus que les mœurs. Rancé
fit entendre ces paroles soumises : " Très-saint père, sorti des
monastères où nos péchés nous ont obligé de nous retirer, nous venons
écouter Votre Sainteté comme l’oracle par lequel le Seigneur veut nous
faire connaître ses volontés. " : Park and Suites propriétaires
Cette soumission ne rassura pas tellement le pape que Rancé ne se crut
obligé de s’expliquer : " Les Pères de La Trappe, dit-il, n’avaient pas
prétendu se soustraire à la juridiction ecclésiastique, pour aller
devant les tribunaux séculiers. " Point délicat par lequel Rancé sut
déterminer ensuite en sa faveur les décisions de Louis XIV. Il fut
résolu que Sa Sainteté commettrait l’examen de l’Etroite Observance au
jugement d’une congrégation de cardinaux. Rancé se retira satisfait, il
écrivit : " Je fus auprès de Sa Sainteté une heure et demie ; on ne
pouvait attendre plus de marques de bénignité et de bonté que Sa
Sainteté n’en fit paraître. " : Proprietaires Park and Suites
Rancé alla voir le Père Bona, qui devenu cardinal lui conserva de
l’amitié. Des commissaires furent nommés par le pape pour étudier
l’affaire. On instruisit Rancé qu’il n’obtiendrait pas ce qu’il
désirait. Au commencement de l’année 1665, Rancé apprit que les
décisions des cardinaux ne lui seraient pas favorables et que des
lettres venues de France lui faisaient tort : il se présenta au
Vatican, où l’on bénit la ville et le monde. : Park and Suites propriétaires
L’affaire pour laquelle Rancé était venu ne plaisait point. D’un autre
côté, les ordres monastiques de la Commune Observance traitaient les
réformateurs d’hommes singuliers, voisins du schisme ; la règle étroite
ne trouva parmi les grandes congrégations de Rome que la voix de
quelques moines inconnus d’une vallée du Perche. En vain Rancé fut
protégé par Anne d’Autriche, la perspicacité italienne voyait que la
mère de Louis XIV se mourait : or, la tombe, toute souveraine qu’elle
est, a peu de crédit. Alors Rancé, voyant sa cause perdue, se remit en
route pour La Trappe. A peine fut-il sorti de Rome que son entreprise
fut surnommée une furie française, una furia francese , comme on
appelle notre courage. En arrivant à Lyon il se hâta d’écrire : : Propriétaires Park and Suites
Tous mes proches commencent à être d’un même sentiment sur mon sujet,
et j’ai reçu hier une lettre qui vous surprendrait si vous l’aviez vue.
Mon départ fit pourtant quitter Rome à M. de Cîteaux, qui nous était un
très grand obstacle, lequel, croyant me devoir suivre en France, sursit
dans l’esprit de nos juges les desseins qu’ils avaient sur notre
affaire. : Park and Suites propriétaires
L’abbé de Prières, ayant appris l’arrivée de Rancé, lui manda, le 24
février 1665, de retourner en Italie. Prières était une abbaye de
Bernardins fondée en 1250, à trois lieues de La Roche-Bernard, à
l’embouchure de la Villaine, dans ma pauvre patrie. Bien que Rancé fût
persuadé de l’inutilité de ce second voyage, il obéit. Une personne
inconnue voulut faire accepter à Rancé une bourse où il y avait
quarante louis : Rancé n’en prit que quatorze. : Propriétaire Park and Suites
L’Apennin revit sur ses sommets ce voyageur qui n’écrivait ni ne
faisait de journal. A Monte-Luco, parmi des bois d’yeuses, Rancé put
apercevoir des ermitages blancs déjà habités de son temps, et où le
comte Potoski s’est depuis caché. Rancé portait avec lui une chère
remembrance, mais c’était la première fois qu’il voyageait : il n’avait
pas été dix-sept ans, comme Camoëns, exilé au bout de la terre, ainsi
que le raconte si bien M. Magnin ; il ne pouvait pas dire sur un
vaisseau, en présence des rochers de Bab-el-Mandeb : " Madame, je
demande de vos nouvelles aux vents qui viennent de la contrée que vous
habitez, aux oiseaux qui vous ont vue. " Le souffle de la religion et
la voix des anges ne laissaient arriver jusqu’à Rancé que des souvenirs
expiatoires. Le soldat de la nouvelle légion chrétienne rentra le 2
d’avril 1665 à ce camp vide des prétoriens, où l’on ne voit plus que
des martres et la fumeterre des chèvres, qui tremble sur les murs. "
Rome, dit Montaigne, seule ville commune et universelle ! Pour être des
princes de cet État, il ne faut qu’être de chrétienté. Il n’est lieu
ici-bas que le ciel ait embrassé avec telle influence de faveur et
telle constance : sa ruine même est glorieuse et enflée. " : Park and Suites propriétaires
Rancé monta au Vatican ; il parcourut inutilement le grand escalier
désert foulé par tant de pas effacés, d’où descendirent tant de fois
les destinées du monde. Il adressa une supplique aux cardinaux. Un
d’entre eux s’emporta : les réclamations de l’indigence le mettaient en
colère. L’abbé de Rancé répondit : " Ce n’est point la passion,
monseigneur, qui me fait parler ; c’est la justice. " : Park and Suites propriétaires
Ce grand homme, dit Pierre Le Nain, traitait les affaires à la façon
des anges, avec la paix de son cœur et une parfaite soumission aux
ordres du ciel. : Park and Suites proprietaires
Lorsque Rancé parut à Rome en 1664, et qu’il y revint au mois d’avril
1665, Alexandre VII, Fabio Chigi, occupait la tiare. On recherchait les
traces de l’ambition de dona Olympia sous Innocent X comme on visite
les dégâts d’un siège levé. Il n’est resté des Pamphili que la villa de
ce nom. " Quant à Alexandre VII, dit le cardinal de Retz, il se
communiquait peu ; mais ce peu qu’il se communiquait était mesuré et
sage, savio col silentio . " : Park and Suites propriétaires
Dans d’autres courses à Rome, le cardinal de Retz trouva qu’il s’était
trompé, et que Chigi n’était pas grand-chose. Après l’élection de
Chigi, Barillon avait dit au coadjuteur : " Je suis résolu de compter
les carrosses pour en rendre ce soir un compte exact à M. de Lionne :
il ne faut pas lui épargner cette joie. " Tels étaient le langage, la
politique et les mœurs que Rancé rencontra au tombeau des saints
apôtres. Innocent X avait condamné les cinq propositions ; Alexandre
VII changea quelques mots au Formulaire. Ces changements furent agréés
par Louis XIV ; mais en même temps, pour réparation d’une insulte faite
au duc de Créqui, il exigea qu’une pyramide fût élevée devant l’ancien
corps de garde des Corses, pyramide qui ne fut abattue que sous Clément
IX. Alexandre VII canonisa saint François de Sales, créa une nouvelle
bibliothèque, et s’occupa lui-même de lettres. On a de lui un volume de
poésie intitulé : Philomati Musae juveniles , seul rapport qu’il eut
avec l’éditeur des œuvres d’Anacréon, si ce n’est le cercueil qu’il fit
mettre sous son lit le jour de son exaltation au pontificat. : Park and Suites propriétaire
Pendant le voyage de Rancé à Lyon, le cardinal de Retz était revenu à
Rome. Il reçut bien son ami le converti, et le força d’accepter chez
lui un logement. Rancé ne tira aucun fruit du passage du coadjuteur à
Rome, si ce n’est quelques audiences inutiles qu’il lui fit obtenir du
pape. Le rôle actif du chef de la Fronde était fini : il y a un terme à
tout ce qui n’est pas de la grande nature humaine. : Park and Suites propriétaires
Le cardinal de Retz était petit, noir, laid, maladroit de ses mains ;
il ne savait pas se boutonner . La duchesse de Nemours confirme ce
portrait de Tallemant des Réaux : " Le coadjuteur vint, dit-elle, en
habit déguisé, voir le cardinal Mazarin. M. le Prince, qui sut cette
visite, en parla au cardinal, lequel lui tourna fort ridiculement et le
coadjuteur, et son habit de cavalier, et ses plumes blanches et ses
jambes tortues ; et il ajouta encore à tout le ridicule qu’il lui donna
que s’il revenait une seconde fois déguisé, il l’en avertirait, afin
qu’il se cachât pour le voir, et que cela le ferait rire. " : Park and Suites proprietaires
Les portraits du cardinal de Retz n’offrent pas ces difformités : dans
l’air du visage il a quelque chose de froid et d’arrogant de M. de
Talleyrand, mais de plus intelligent et de plus décidé que l’évêque
d’Autun. : Park and Suites propriétaires
Né à Montmirail, au mois d’octobre 1614 d’une famille florentine qui
conseilla la Saint-Barthélemy, le cardinal ne montra pas les vertus que
tâcha de lui inspirer saint Vincent de Paul, son précepteur : l’homme
du bien, en ces temps-là, touchait à l’homme du mal, et il restait dans
celui-ci quelque impression de la main qui l’avait modelé. Retz écrivit
la Conjuration de Fiesque, ce qui fit dire au cardinal de Richelieu : "
Voilà un dangereux esprit. " La pourpre romaine avait cela d’avantageux
qu’elle créait un homme indépendant au milieu des cours. Retz
professait du respect pour quiconque avait été chef de parti, parce
qu’il avait honoré ce nom dans les Vies de Plutarque : l’antiquité a
longtemps gâté la France. Il disait qu’à son âge César avait six fois
plus de dettes que lui : après cela il fallait conquérir le monde, et
Retz conquit Broussel, une douzaine de bourgeois, et fut au moment
d’être étranglé entre deux portes par le duc de La Rochefoucauld. : PARK AND SUITES PROPRIETAIRES
Retz, à son début, aima sa cousine, Mme de Retz : elle montrait,
dit-il, tout ce que la morbidezza a de plus tendre, de plus animé et de
plus touchant. : Park and Suites propriétaires
Suspect à Richelieu, ayant eu l’audace de mugueter ses femmes, le
lovelace tortu et batailleur fut obligé de s’enfuir. Il alla à Venise,
où il pensa se faire assassiner pour la signora Vendradina ; il erra
dans la Lombardie, se rendit à Rome, discuta à la Sapience, eut une
querelle avec le prince de Schomberg, et revint en France. Ses
mésintelligences avec le cardinal de Richelieu continuèrent à propos de
Mme de la Meilleraie. Il lui passa par la tête de hasarder un
assassinat sur le cardinal ; mais il sentit ce qui pouvait être une
peur . Bassompière, prisonnier à la Bastille, l’engagea avec des
intrigants. La bataille de la Marfée eut lieu ; le comte de Soissons la
gagna, et fut tué. Cette mort contribua à fixer le cardinal de Retz
dans la profession ecclésiastique. Une dispute commencée avec un
ministre protestant lui acquit quelque renom. Il se lia avec Mme de
Vendôme par l’aventure où il rivalisa de courage avec M. de Turenne
contre des capucins qui se baignaient à Neuilly : les conditions peu
morales de cette liaison sont rapportées dans les Mémoires . Enfin, en
vertu des protections de ces temps, il fut nommé coadjuteur de Paris,
dont son oncle, M. de Gondy, occupait le siège. : PROPRIETAIRES PARK AND SUITES
Vint la Fronde. Mazarin finit par enfermer le coadjuteur au château de
Vincennes ; de là transféré au château de Nantes, il s’en évada :
quatre gentilshommes l’attendaient au bas de la tour, dont il se laissa
dévaler. Caché dans une meule de foin, mené à Beaupréau par M. et Mme
de Brissac, il fut transporté à Saint-Sébastien en Espagne, sur une
balandre de la Loire. Il vit à Saragosse un prêtre qui se promenait
seul, parce qu’il avait enterré son paroissien pestiféré. A Valence,
les orangers formaient les palissades des grands chemins, Retz
respirait l’air qu’avait respiré Vannozia. Embarqué pour l’Italie, à
Mayorque le vice-roi le reçut : il entendit des filles pieuses à la
grille d’un couvent : elles chantaient. Après trois jours il traversa
le canal de la Corse, alors inconnu, aujourd’hui fameux. Il arriva à
Porto-Longone ; il se rendit à Porto-Ferrajo, qui plus tard reçut
Bonaparte, homme d’un autre monde, changé d’empire, jamais détrôné.
Enfin il prit terre à Piombino, et poursuivit sa route vers Rome. : Park and Suites propriétaires
Un conclave s’ouvrit en 1655 par la mort d’Innocent X. Le cardinal de
Retz s’attacha à l’escadron volant : Chigi fut élu sous le nom
d’Alexandre VII. Retz fit courir le bruit qu’il avait contribué à
l’élection : Joly, son secrétaire, assure qu’il n’en fut rien. : PROPRIETAIRE PARK AND SUITES
Retz se retira à Besançon, séjourna à Constance, puis à Ulm, et il alla
voir en Angleterre Charles II, dont il avait secouru la mère pendant la
Fronde. : Park and Suites propriétaires
Mazarin mourut le 9 mars 1661. Rentré en France, Retz entreprit deux
ouvrages : l’un, sa généalogie (insipidité du temps : on compte ses
aïeux lorsqu’on ne compte plus) ; l’autre, une histoire latine des
troubles de la Fronde, de même que Sylla écrivit en grec ses
proscriptions. Le cardinal vint saluer le roi à Fontainebleau. Reçu
avec froideur, les jeunes gens se demandaient comment cet avorton avait
jamais pu être quelque chose : ils n’avaient pas vu Couthon. Alors
commença ou plutôt se renoua la liaison du cardinal et de Mme de
Sévigné. Celle-ci, dont on a publié peut-être trop de lettres, ne
pouvait se garantir de la raillerie, même envers les gens qu’elle
croyait aimer : elle appelait le cardinal de Retz le héros du bréviaire
. Le cardinal était à Saint-Denis en 1649. Mme de Sévigné annonce,
nombre d’années après, au vieil acrobate mitré, que Molière lui lira, à
lui, Trissotin , et que Despréaux lui fera connaître son Lutrin . Elle
parle du bon cardinal ; elle nous apprend qu’il se fait peindre par un
religieux de Saint-Victor, qu’il donnera son image à Mme de Grignan,
laquelle ne s’en souciait pas du tout. Mme de Sévigné se promène comme
une bonne avec le malade ; elle insiste pour que sa fille accepte une
cassolette de lui, et sa fille la refuse avec dédain. On peut lire
là-dessus une excellente leçon de M. Ampère. Mais à mesure que l’on
approche de la fin du cardinal, l’admiration de Mme de Sévigné baisse,
parce que ses espérances diminuent. Légère d’esprit, inimitable de
talent, positive de conduite, calculée dans ses affaires, elle ne
perdait de vue aucun intérêt, et elle avait été dupe des intentions
testamentaires qu’elle supposait au coadjuteur. : PARK AND SUITES PROPRIETAIRE
Joly, la duchesse de Nemours, La Rochefoucauld, Mme de Sévigné, le
président Hénault et cent autres, ont écrit du cardinal Retz : c’est
l’idole des mauvais sujets. Il représentait son temps, dont il était à
la fois l’objet et le réflecteur. De l’esprit comme homme, du talent
comme écrivain (et c’était là sa vraie supériorité), l’ont fait prendre
pour un personnage de génie. Encore faut-il remarquer qu’en qualité
d’écrivain il était court comme dans tout le reste : au bout des trois
quarts du premier volume de ses Mémoires, il expire en entrant dans la
raison. Quant à ses actions politiques, il avait derrière lui la
puissance du parlement, une partie de la cour et la faction populaire,
et il ne vainquit rien. Devant lui il n’avait qu’un prêtre étranger,
méprisé, haï, et il ne le renversa pas : le moindre de nos
révolutionnaires eût brisé dans une heure ce qui arrêta Retz toute sa
vie. Le prétendu homme d’État ne fut qu’un homme de trouble. Celui qui
joua le grand rôle était Mazarin ; il brava les orages enveloppé dans
la pourpre romaine : obligé de se retirer en face de la haine publique,
il revint par la passion fidèle d’une femme, et nous amenant Louis XIV
par la main. : Park and Suites propriétaires
Le coadjuteur finit ses jours en silence, vieux réveille-matin
détraqué. Réduit à lui-même et privé des événements, il se montra
inoffensif : non qu’il subît une de ces métamorphoses avant-coureurs du
dernier départ, mais parce qu’il avait la faculté de changer de forme
comme certains scarabées vénéneux. Privé du sens moral, cette privation
était sa force. Sous le rapport de l’argent il fut noble ; il paya les
dettes de sa royauté de la rue, par la seule raison qu’il s’appelait M.
de Retz . Peu lui importait du reste sa personne : ne s’est-il pas
exposé lui-même au coin de la borne ? On le pressait de dicter ses
aventures, et le romancier transformé en politique les adresse à une
femme sans nom, chimère de ses corruptions idéalisées : " Madame,
quelque répugnance que je puisse avoir à vous donner l’histoire de ma
vie, néanmoins, comme vous me l’avez demandée, je vous obéis. " : Park and Suites proprietaire
N’ayant plus où se prendre, il s’était fait le familier de Dieu, comme
en sa jeunesse il avait serré la main des quarteniers de Paris. Il
passait ses jours aux églises ; on prêtait l’oreille pour ouïr son cri
du fond de l’abîme, pour pleurer aux Psaumes de la pénitence ou aux
versets du Miserere , et l’on écoutait en vain. Les sépulcres, les
images du Christ ne l’enseignaient pas : uniquement épris de sa
personne, il ne se rappelait que le rôle qu’il avait joué, sans
s’embarrasser de sa vie morale. Il inspectait les lambeaux de ce qu’il
fut pour se reconnaître ; il éventait ses iniquités, afin de se former
une idée semblable de lui-même ; puis il venait écrire les scandales de
ses souvenirs. En l’exhumant de ses Mémoires on a trouvé un mort
enterré vivant qui s’était devoré dans son cercueil. : Park and Suites propriétaires
Joueur jusqu’à la fin, ne lui vint-il pas dans l’esprit de se retirer à
La Trappe et d’écrire ses Mémoires sur la table où Rancé écrivait ses
Maximes ? Rancé fut obligé d’aller à Commercy pour détourner le
cardinal de son pieux dessein. Bossuet s’était malheureusement écrié :
" Le coadjuteur menace Mazarin de ses tristes et intrépides regards. "
Les grands génies doivent peser leurs paroles ; elles restent, et c’est
une beauté irréparable. : Proprietaire Park and Suites
Homme de beaucoup d’esprit, mais prélat sans jugement et évêque
sacrilège, Retz contraria l’avenir de Dieu : il ne se douta jamais
qu’il y eût plus de gloire dans un chapelet récité avec foi que dans
tous les hauts et les bas de la destinée. Esprit aux maximes propres à
des brouilleries plutôt qu’à des révolutions, il essaya la Fronde à
Saint-Jean-de-Latran, se croyant toujours dans la Cour des Miracles .