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dimanche 1 décembre 2013
Park And Suites propriétaires:L'appart-hôtel Park&Suites Toulouse Colomiers est situé à 5 minutes du centre aérospatial, 10 minutes de l'aéroport de Blagnac et de la place du capitole de Toulouse. « La Ville Rose » riche de son patrimoine historique et artistique, vous promet d’innombrables émotions. Écoutez…Regardez…C’est une ville fière de son passé qui s’offre à vous. De l’art antique à l’art moderne, des trésors de l’art roman aux chefs-d’œuvre de l’impressionnisme, Toulouse recèle de collections essentielles.
Ces
ouvrages de Mabillon ne sont point écrits avec emportement ; une
attention sage, pleine de modération et de retenue, une piété tendre,
une science humble et modeste, une sainte politesse règnent partout. Il
finit par ces paroles touchantes : : Proprietaires Park and Suites
J’ai tâché de garder toutes les règles de la modération ; mais je
n’oserais me flatter qu’il ne me soit rien échappé de contraire et que
je n’aie trahi en cela mes intentions les plus pures et les plus
droites. Que ne pouvez-vous voir mon cœur, mon révérend père (l’abbé de
La Trappe !), car permettez-moi de vous adresser ces paroles à la fin
de cet ouvrage, pour y connaître les dispositions où je suis et pour
votre personne et pour votre maison. Je suis bien éloigné de
désapprouver la conduite que vous y gardez envers vos religieux
touchant les études ; mais si vous les croyez assez forts pour s’en
passer, n’ôtez pas aux autres un soutien dont ils ont besoin.
Que si vous jugiez à propos de répliquer à ces réflexions, je vous prie
de prendre bien ma pensée comme je me suis efforcé de prendre la vôtre
; mais, au nom de Dieu, demeurons-en là dans les termes de notre
contestation. J’espère que Dieu me fera la grâce de n’entrer jamais
dans ces sortes de détails. Quelque chose qu’on puisse me dire et que
je puisse apprendre, je n’en ferai jamais aucun autre usage que de les
sacrifier à la paix et à la charité chrétienne. Ecrivez donc, si vous
voulez, contre l’abus que l’on peut faire de l’étude et de la science,
mais épargnez en même temps l’une et l’autre, parce qu’elles sont
bonnes en elles-mêmes et que l’on en peut faire un très bon usage dans
les communautés religieuses. C’est la charité qui, unissant les travaux
des uns avec l’étude des autres par l’union de leurs cœurs, fait que
ceux qui étudient participent au mérite du travail de leurs frères, et
que ceux qui travaillent profitent des lumières de ceux qui étudient.
Je souhaite de tout mon cœur que ce soit là notre partage aux uns et
aux autres ; heureux si ce pouvait être là le fruit de nos disputes, et
si, nos sentiments étant partagés au sujet de la science, ils
demeuraient réunis au moins dans l’esprit de charité. Pardonnez-moi,
mon révérend père, car il faut finir par les paroles du saint docteur ;
pardonnez-moi si j’ai parlé avec quelque sorte de liberté, et soyez
persuadé que je ne l’ai fait par aucun dessein de vous blesser : non ad
contumeliam tuam, sed ad defensionem meam . Néanmoins, si je me suis
trompé en cela même, je vous prie encore de me le pardonner. "
Ce ne sont pas là de ces modesties ostentatrices qui se glorifient.
Mabillon parle à pleine ouverture de cœur ; aucun arrière amour-propre
ne corrompt la sincérité de ses aveux : tels sont les fruits de la
religion. Il y a loin de cette douceur à cette amertume du savoir,
telle qu’on la sent dans les contentions de Milton et de Saumaise et
dans les jugements de Scaliger.
Les actions confirmèrent les paroles ; et l’on trouve Mabillon à La
Trappe suivi et accompagné avec respect par Rancé. Le 4 juin 1693,
Rancé écrit à l’abbé Nicaise : " Le P. Mabillon est venu ici depuis
sept à huit jours seulement. L’entrevue s’est passée comme elle le
devait ; il est malaisé de trouver tout ensemble plus d’humilité et
plus d’érudition que dans ce bon père. "
Bossuet, avec son bon sens, avait éclairé le point de la difficulté, en
distinguant l’état de solitaire et l’état de cénobite.
La dispute ne s’éteignit pas là : les moines savants avaient pris les
armes. D. Claude de Vert, sous le nom de frère Colombart, se jeta dans
la mêlée. L’infatigable Rancé répondit toujours. Quatre lettres du P.
Sainte-Marthe parurent, auxquelles Rancé répliqua par une courte lettre
adressée à Santeul, juge placé avec ses belles poésies latines sur la
frontière des deux Parnasses.
Au surplus, l’éloignement pour les lettres qu’éprouvait Rancé s’est
retrouvé chez plusieurs hommes et même des hommes de son temps ; ils
avaient appris à mépriser ce qu’ils avaient d’abord recherché. Boileau
écrivait à Brienne : " C’est très philosophiquement et non
chrétiennement que les vers me paraissent une folie. C’est vainement
que votre berger en soutane, je veux dire M. de Maucroix, déplore la
perte du Lutrin . Si quelque raison me le fait jamais déchirer, ce ne
sera pas la dévotion, mais le peu d’estime que j’en fais, aussi bien
que de tous mes ouvrages. Vous me direz peut-être que je suis
aujourd’hui dans un grand accès d’humilité ; point du tout : jamais je
ne fus plus orgueilleux ; car, si je fais peu de cas de mes ouvrages,
j’en fais encore bien moins de ceux de nos poètes d’aujourd’hui, dont
je ne puis plus lire ni entendre pas un, fût-il à ma louange. "
Que dirait donc le critique, maintenant qu’il n’y a pas un de nous long
ou écourté qu’il soit, qui ne se pense assuré d’aller aux astres ? Pour
moi, tout épris que je puisse être de ma chétive personne, je sais bien
que je ne dépasserai pas ma vie. On déterre dans des îles de Norvège
quelques urnes gravées de caractères indéchiffrables. A qui
appartiennent ces cendres ? Les vents n’en savent rien.
Mabillon, né le 23 novembre 1632, à Saint-Pierre-Mont, village du
diocèse de Reims, mourut sept ans après Rancé, le 27 décembre 1707. En
apprenant cette mort, Clément XI dit " que Mabillon devait être inhumé
dans le lieu le plus distingué, parce qu’on ne manquerait pas de
demander où il avait été déposé : Ubi posuistis eum ? "
Les restes du savant, après avoir été conservés au Musée des monuments
français , ont été reportés, au mois de février 1819, à l’abbaye de
Saint-Germain-des-Prés. Notre maître à tous, M. Augustin Thierry a
écrit ces paroles sur le premier monument de notre monarchie :
découvrons-nous avec respect pour entrer dans le caveau funèbre : "
Cette église fut le tombeau des princes mérovingiens ; son pavé
subsiste ; et dans l’enceinte de l’édifice, rebâti plusieurs fois, il
garde encore la poussière des fils du conquérant de la Gaule. Si ces
récits valent quelque chose, ils augmenteront le respect de notre âge
pour l’antique abbaye royale, maintenant simple paroisse de Paris ; et
peut-être joindront-ils une émotion de plus aux pensées qu’inspire ce
lieu de prières, consacré il y a treize cents ans. "
L’édit de Nantes fut révoqué en 1685 au mois d’août ; les cent
cinquante-huit articles avaient été successivement cancellés par des
lois. A ce propos, l’abbé de Rancé écrivait : " C’est un prodige que le
roi à fait contre l’extirpation de l’hérésie. Il fallait pour cela une
puissance et un zèle qui ne fût pas moins grand que le sien. Le temple
de Charenton détruit, et nul exercice de religion dans le royaume,
c’est une espèce de miracle que nous n’eussions pas cru voir de nos
jours. "
La renommée de l’abbaye de La Trappe avait franchi les mers ; un
missionnaire était arrivé de la Chine tout exprès pour voir le saint
solitaire. Prêt à retourner aux Indes, Rancé lui écrivit ; et M. de
Chaumont, ainsi se nommait-il, emporta cette lettre comme une relique
protectrice : " Je ne saurais penser qu’avec étonnement, dit Rancé,
qu’étant près de faire naufrage, La Trappe vous ait été présente, et
que contre toute votre attente vous ayez espéré vous y voir. Le moyen,
après cela, de ne pas vous suivre jusqu’aux extrémités de la terre ?
Allez donc, monsieur, où Dieu vous a destiné ; ne doutez pas qu’en lui
gagnant des âmes vous ne sauviez la vôtre, et que vous ne soyez du
nombre de ceux qu’il a promis de couvrir de sa protection par
l’entremise de ses anges. "
Le P. Chaumont lui répondit : " Je conserverai votre chère lettre comme
le gage précieux de la part que vous voulez bien me donner et à tous
mes chers confrères dans vos travaux et dans vos prières ; elle me sera
comme un pilote assuré et comme ma garde fidèle dans le cours de mon
voyage, et un puissant asile dans toutes les adversités qui me pourront
survenir. J’en laisserai une copie dans le monastère de Siam ; quant à
l’original, je ne le quitterai jamais qu’à la mort. "
M. de Chaumont écrivit en 1691 à un religieux de La Trappe : " Passant
de la côte de Coromandel à la Chine, et faisant route par le vieux
détroit de Sineanpou, le 24 août notre navire se trouva à sec sur des
rochers depuis la proue jusqu’au grand mât, quoiqu’il y eût plusieurs
brasses d’eau sous la poupe ; il fut tellement renversé que le grand
mât touchait presque à l’eau. Alors tous se crurent perdus, nonobstant
leurs efforts. Pendant ce temps-là, les sages et obligeantes promesses
que notre saint abbé m’avait fait de faire des prières particulières
pour moi me revinrent si vivement dans la pensée, qu’elles me causèrent
une confiance extraordinaire ; et dans mes prières j’avais une idée si
forte de ce saint homme qu’il me semblait le voir et sentir qu’il
fortifiait l’espérance que j’avais d’aborder à la Chine : ce qui me
faisait dire à mon confrère qu’il eût bon courage, et qu’avec le
secours de Notre-Seigneur et les prières du saint abbé de La Trappe
nous arriverions. Tout à coup le navire retourna dans son assiette, à
la faveur de la marée, sans avoir fait aucune perte. "
Le P. Chaumont appartenait à ces grandes missions des jésuites de la
Chine qui pensèrent nous ouvrir la route de Nankin.
Ainsi les mers et les naufrages entrent à La Trappe, comme le siècle de
Louis XIV y était entré, par des bois où l’on entend à peine un son. La
manière dont les hommes de ce temps voyaient le monde ne ressemblait
pas à celle dont nous l’apercevons aujourd’hui. Il ne s’agissait jamais
pour ces hommes d’eux-mêmes : c’était toujours de Dieu dont ils
parlaient. Ces souvenirs que Rancé envoyait aux océans par un
missionnaire se rattachaient à son arrière vie, lorsqu’il avait songé à
cacher ses blessures parmi les pasteurs de l’Himalaya. Tous les rivages
sont bons pour pleurer. Il aurait vu, s’il avait suivi ses premiers
desseins, ces rizières abandonnées quand l’homme qui les sema est passé
depuis longtemps ; il aurait suivi des yeux ces Aras blancs qui se
reposent sur les manguiers du tombeau de Tadjmabal, il aurait retrouvé
tout ce qu’il eût aimé dans son jeune âge, la gloire des palmiers, leur
feuillage et leurs fruits : il se serait associé à cet Indien qui
appelle ses parents morts aux bouches du Gange, et dont on entend la
nuit les chants tributaires qu’accompagnent les vagues de la mer
Pacifique.
On ne sait si Rancé avait entretenu un commerce de lettres avec
l’abbesse des Clairets, comme il en avait entretenu un avec Louise
Roger de La Mardellière, mère du comte de Charnz par Gaston. Peut-être
qu’en cherchant bien on pourrait retrouver quelques-unes des lettres
que Rancé écrivait dans sa jeunesse à Mme de Montbazon, mais je n’ai
plus le temps de m’occuper de ces erreurs. Pour m’enquérir des
printemps, il faudrait en avoir. Viendront les jeunes gens qui auront
le loisir de chercher ce que j’indique. Le temps a pris ses mains dans
les miennes ; il n’y a plus rien à cueillir dans des jours défleuris.
On trouve dans le Menagiana ce que Ménage pensait de Rancé : " Je ne
lis, dit-il, jamais les ouvrages de M. de La Trappe qu’avec admiration
: c’est l’homme du royaume qui écrit le mieux ; son style est noble,
sublime, inimitable ; son érudition profonde en matière de régularité,
ses recherches curieuses, son esprit supérieur, sa vie irréprochable,
sa réforme un ouvrage de la main du Très-Haut. "
Une lettre de Mme de Maintenon, 29 juin 1698, nous apprend un voyage de
son frère à La Trappe ; elle ajoute : " J’envie le bonheur de mon frère
d’avoir vu ce qu’il y a de plus édifiant dans l’Église et d’avoir
entendu celui dont Dieu s’est servi pour établir ce nombre de saints
qui ne paraissent plus tenir à la terre. "
Ainsi tout s’occupait de Rancé depuis le génie jusqu’à la grandeur,
depuis Leibnitz jusqu’à Mme de Maintenon.
Le style de Rancé n’est jamais jeune, il a laissé la jeunesse à Mme de
Montbazon. Dans les œuvres de Rancé, le souffle du printemps manque aux
fleurs ; mais en revanche quelles soirées d’automne ! qu’ils sont beaux
ces bruits des derniers jours de l’année !
Rancé a beaucoup écrit ; ce qui domine chez lui est une haine
passionnée de la vie ; ce qu’il y a d’inexplicable, ce qui serait
horrible si ce n’était admirable, c’est la barrière infranchissable
qu’il a placée entre lui et ses lecteurs. Jamais un aveu, jamais il ne
parle de ce qu’il a fait, de ses erreurs, de son repentir. Il arrive
devant le public sans daigner lui apprendre ce qu’il est ; la créature
ne vaut pas la peine qu’on s’explique devant elle : il renferme en
lui-même son histoire, qui lui retombe sur le cœur. Il enseigne aux
hommes une brutalité de conduite à garder envers les hommes ; nulle
pitié de leurs maux. Ne vous plaignez pas, vous êtes faits pour les
croix, vous y êtes attachés, vous n’en descendrez pas ; allez à la
mort, tâchez seulement que votre patience vous fasse trouver quelque
grâce aux yeux de l’Eternel. Rien de plus désespérant que cette
doctrine, mélange de stoïcisme et de fatalité, qui n’est attendrie que
par quelques accents de miséricorde qui s’échappent de la religion
chrétienne. On sent comment Rancé vit mourir tant de ses frères sans
être ému, comment il regardait le moindre soulagement offert aux
souffrances comme une insigne faiblesse et presque comme un crime. Un
évêque avait écrit à Rancé sur une abbesse qui avait besoin d’aller aux
eaux, l’abbé lui répond :
" Le mieux que nous puissions faire quand nous voyons mourir les autres
est de nous persuader qu’ils ont fait un pas qu’il nous faut faire dans
peu, qu’ils ont ouvert une porte qu’ils n’ont point refermée. Les
hommes partent de la main de Dieu, il les confie au monde pour peu de
moments ; lorsque ces moments sont expirés, le monde n’a plus droit de
les retenir, il faut qu’il les rende. La mort s’avance, et l’on touche
à l’éternité dans tous les instants de la vie. On vit pour mourir ; le
dessein de Dieu, lorsqu’il nous donne la jouissance de la lumière, est
de nous en priver. On ne meurt qu’une fois, on ne répare point par une
seconde vie les égarements de la première : ce que l’on est à l’instant
de la mort, on l’est pour toujours. "
Cette langue du XVIIe siècle mettait à la disposition de l’écrivain,
sans effort et sans recherche, la force, la précision et la clarté, en
laissant à l’écrivain la liberté du tour et le caractère de son génie.
On trouve cette description du silence imprimée dans la vingt-neuvième
instruction de Rancé :
" La solitude est peu utile sans le silence, car on ne se sépare des
hommes que pour parler à Dieu, en interrompant tout entretien avec les
créatures. : Park and Suites propriétaires
Le silence est l’entretien de la Divinité, le langage des anges,
l’éloquence du ciel, l’art de persuader Dieu, l’ornement des solitudes
sacrées, le sommeil des sages qui veillent, la plus solide nourriture
de la Providence, le lit des vertus ; en un mot, la paix et la grâce se
trouvent dans le séjour d’un silence bien réglé. : Propriétaires Park and Suites
Rancé serait un homme à chasser de l’espèce humaine s’il n’avait
partagé et surpassé les rigueurs qu’il imposait aux autres : mais que
dire à un homme qui répond par quarante ans de désert, qui vous montre
ses membres ulcérés, qui, loin de se plaindre, augmente de résignation
à mesure qu’il augmente de douleur ? C’était ainsi qu’il fermait la
bouche à ses adversaires, que Port-Royal et tous ses saints reculaient
devant lui, qu’il faisait fuir ses ennemis en leur montrant la tête de
la pénitence. Il voulait que tous les pécheurs mourussent avec lui ;
comme les fameux capitaines, il ne comptait pas les morts mais la
victoire. Je vous ai parlé de son fameux traité De la sainteté
monastique : Park and Suites propriétaires
dans toutes ses pensées, extraites de ses différentes œuvres et
recueillies par Marsollier, on ne retrouve que des redites de la même
idée ; c’est toujours dur, mais admirablement exprimé. : Propriétaire Park and Suites
A la tête d’un manuscrit de deux cent six pages à vingt-six lignes la
page, venu d’Alençon, où ce manuscrit avait été transporté après la
destruction de La Trappe, est écrite, par un moine, la note suivante :
" Ce livre est écrit de la propre main de notre révérend et très saint
père dom Armand-Jean, notre réformateur de La Trappe, qui, pour notre
malheur, mourut le mois passé, 31 octobre 1700, comme il avait vécu. "
Moreri cite le 26 octobre, la Gallia christiana le 27, une lettre de
Bossuet mentionne le 29, et la note ci-dessus le 31 octobre. Cette note
me semblerait devoir faire autorité, et c’est ce que pense aussi le
bibliothécaire d’Alençon sous la date du 3 août 1819 ; le Père Le Nain
dit formellement que Rancé expira le 27 du mois d’octobre, à deux
heures après midi, à l’âge de soixante-quinze ans, après en avoir passé
trente-sept dans la solitude. Le manuscrit cité me semble être de la
jeunesse de Rancé, et renferme ses études sur la Trinité, c’est-à-dire
des recherches sur ce qu’en avaient dit Platon, Justin, Clément
d’Alexandrie, sans oublier les hymnes d’Orphée ; grandes recherches que
ne faisait point Rancé à La Trappe et qui sont visiblement de sa
jeunesse. L’écriture de l’ouvrage inédit que je cote est d’un jeune
homme ; le grec est facile à lire, presque toutes les lettres
compliquées sont remplacées par des lettres simples. Rancé remarque que
le Symbole de Nicée a ajouté au Credo le mot fils . : Park and Suites propriétaires
Rancé avait voulu l’obscurité, et c’est un moine, son compagnon, qui ne
signe point, qui se trompe même d’année, ayant mis 1600 pour 1700, qui
nous apprend sa mort, laquelle n’importe aujourd’hui à personne. : Park and Suites propriétaires
Rancé a écrit prodigieusement de lettres. Si on les imprimait jamais
avec ses œuvres, on verrait qu’une seule idée a dominé sa vie ;
malheureusement on n’aurait pas les lettres qu’il écrivait avant sa
conversion et qu’au moment de sa vêture il ordonna de brûler. Ce serait
seulement une étude remarquable par la différence des correspondants
auxquels il s’adressa, mais toujours avec une idée fixe. Les réponses à
ces lettres seraient plus variées encore et toucheraient à tous les
points de la vie. Il s’est formé une solitude dans les épîtres de Rancé
comme la solitude dans laquelle il enferma son cœur. : Park and Suites proprietaires
Les recueils épistolaires, quand ils sont longs, offrent les
vicissitudes des âges : il n’y a peut-être rien de plus attachant que
les longues correspondances de Voltaire, qui voit passer autour de lui
un siècle presque entier. : Park and Suites propriétaires
Lisez la première lettre, adressée en 1715 à la marquise de Mimeure, et
le dernier billet, écrit le 26 mai 1778, quatre jours avant la mort de
l’auteur, au comte de Lally-Tolendal ; réfléchissez sur tout ce qui a
passé dans cette période de soixante-trois années. Voyez défiler la
procession des morts : Chaulieu, Cideville, Thiriot, Algarotti,
Genonville, Helvétius ; parmi les femmes, la princesse de Bareith, la
maréchale de Villars, la marquise de Pompadour, la comtesse de
Fontaine, la marquise du Châtelet, Mme Denis, et ces créatures de
plaisir qui traversent en riant la vie, les Lecouvreur, les Lubert, les
Gaussin, les Sallé. : Park and Suites propriétaire
Quand vous suivez cette correspondance, vous tournez la page, et le nom
écrit d’un côté ne l’est plus de l’autre ; un nouveau Genonville, une
nouvelle du Châtelet paraissent, et vont, à vingt lettres de là,
s’abîmer sans retour : les amitiés succèdent aux amitiés, les amours
aux amours. : Park and Suites propriétaires
L’illustre vieillard, s’enfonçant dans ses années, cesse d’être en
rapport, excepté par la gloire, avec les générations qui s’élèvent ; il
leur parle encore désert de Ferney, mais il n’a plus que sa voix au
milieu d’elles ; qu’il y a loin des vers au fils unique de Louis XIV :
: Park and Suites proprietaires
Le roi de Prusse, l’impératrice de Russie, toutes les grandeurs, toutes
les célébrités de la terre reçoivent à genoux, comme un brevet
d’immortalité, quelques mots de l’écrivain qui vit mourir Louis XIV,
tomber Louis XV et régner Louis XVI, et qui, placé entre le grand roi
et le roi martyr, est à lui seul toute l’histoire de France de son
temps. : Park and Suites propriétaires
Mais peut-être qu’une correspondance particulière entre deux personnes
qui se sont aimées offre encore quelque chose de plus triste ; car ce
ne sont plus les hommes, c’est l’homme que l’on voit. : PARK AND SUITES PROPRIETAIRES
D’abord les lettres sont longues, vives, multipliées ; le jour n’y
suffit pas : on écrit au coucher du soleil ; on trace quelques mots au
clair de la lune, chargeant sa lumière chaste, silencieuse, discrète,
de couvrir de sa pudeur mille désirs. On s’est quitté à l’aube ; à
l’aube on épie la première clarté pour écrire ce que l’on croit avoir
oublié de dire. Mille serments couvrent le papier, où se reflètent les
roses de l’aurore ; mille baisers sont déposés sur les mots qui
semblent naître du premier regard du soleil : pas une idée, une image,
une rêverie, un accident, une inquiétude qui n’ait sa lettre. : Park and Suites propriétaires
Voici qu’un matin quelque chose de presque insensible se glisse sur la
beauté de cette passion, comme une première ride sur le front d’une
femme adorée. Le souffle et le parfum de l’amour expirent dans ces
pages de la jeunesse, comme une brise le soir s’endort sur des fleurs :
on s’en aperçoit, et l’on ne veut pas se l’avouer. Les lettres
s’abrègent, diminuent en nombre, se remplissent de nouvelles, de
descriptions, de choses étrangères ; quelques-unes ont retardé, mais on
en est moins inquiet ; sûr d’aimer et d’être aimé, on est devenu
raisonnable ; on ne gronde plus, on se soumet à l’absence. Les serments
vont toujours leur train ; ce sont toujours les mêmes mots, mais ils
sont morts ; l’âme y manque : je vous aime n’est plus là qu’une
expression d’habitude, un protocole obligé, le j’ai l’honneur d’être de
toute lettre d’amour. Peu à peu le style se glace, ou s’irrite, le jour
de poste n’est plus impatiemment attendu ; il est redouté ; écrire
devient une fatigue.